Historique du lac Sébastien

C’est lorsque Jacques Cartier voulut remonter le Saguenay en compagnie d’Indiens réticents qu’il entendit parler pour la première fois de la rivière Shipshaw et des Terres rompues. Nous entrions alors dans l’histoire, la nôtre. Au début du 20e siècle,  un certain Wilson Carbide, industriel de l’Ontario en voyage dans la région, s’intéressa au potentiel énergétique de  la rivière et entreprit de la harnacher. Il avait de grands projets pour le Saguenay mais les abandonna pour se consacrer à ses recherches. Cela laissa le champ libre à la famille Price  et à J.B.Duke qui entreprirent alors le développement d’un vaste réseau hydroélectrique.

 

 La rivière Shipshaw est au cœur d’un immense territoire forestier.  Une dalle transportait le bois du Bras du Nord au Lac Clair et de là à la rivière Shipshaw sur laquelle on faisait la drave tous les printemps. Plus tard, on en construisit une autre allant du réservoir Lamothe  à la Chute-aux-Galets.   Finalement, (1980) un quai fut construit à l’endroit de la passerelle où l’on déversa la pitoune par camions jusqu’à l’interdiction totale, quelques années plus tard , de transporter le bois sur les cours d’eau du Québec.

 

 L’ère industrielle est commencée. Les papeteries, scieries et aluminerie sont autant de projets qui justifièrent la construction des barrages jalonnant la rivière Saguenay et ses affluents. Dans les décennies 1920 et suivantes, la région devient un vaste chantier, le plus important en Amérique. Le barrage de Chute-aux-Galets est terminé en 1928 et frappe l’imagination par son importance pour l’époque. Est alors créé le réservoir Sébastien aujourd’hui très prisé des plaisanciers.  Dans les années 50 , Chute-aux-Galets devient le centre nerveux du réseau que la maison Price va compléter à partir de la tête de la rivière en remplaçant le barrage en bois du lac Onatchiway  où l’on ajoute une petite centrale de 500cv. À compter de 1951, s’amorce le harnachement de la Chute-des-Georges créant par le fait  même l’immense réservoir Lamothe. Ainsi seront   alimentées les centrales Gim Gray, à la tête du lac Brochet ,et  Adam Cuningham à sa sortie sur le lac Sébastien. C’est une puissance totale de 90,000cv  qu’on vient d’ajouter au réseau pour alimenter les papeteries de Kénongami et Riverbend.

 

L’année 1957: ouverture de la centrale Murdock-Wilson  à l’embouchure de la rivière sur le Saguenay. C’est toute la capacité du réseau de Price Brothers que cette centrale vient doubler. Que de projets réalisés en même temps et s’étalant sur une période de trente ans!  Que de profits ce complexe va permettre !  On connaît à l’étranger ces grands ouvrages qui ont fait notre réputation.  Il y a quelques années, John Travolta  tourna un film à Chute-des-Georges près du tunnel qui servit de canal de dérivation pendant la construction.

 

À la faveur de ces grands chantiers, la municipalité de St-David-de-Falardeau connaîtra une transformation considérable et la population sortira des grandes difficultés économiques qu’elle a connues lors de la colonisation des années 30.  Qui des fils de Falardeau n’a pas bûché dans le secteur Shipshaw,  n’a pas fait la drave sur  la rivière, ce grand sport du printemps qui en emporta quelques-uns. Leurs descendants, peut-être par vengeance, en ont fait un terrain de jeu,  particulièrement par la construction du village de la pêche blanche sur le réservoir Lamothe.   

 

 Aujourd’hui encore, les  ressources de cette rivière attirent la convoitise. Il y a quelques années,  le maire Tremblay de Chicoutimi disait s’intéresser à construire une mini-centrale à la Chute Gagnon, quatre kilomètres en aval de la passerelle. Finie l’apaisante symphonie de l’écoulement des eaux le long de la promenade construite en 1998 pour marquer le cinquantième de la municipalité de St-David-de-Falardeau.

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